>> HISTORIQUE : 

DU THEATRE DE LOUIS RICHARD (1884) 

AU THEATRE LOUIS RICHARD

       La personnalité de Louis Richard, de très loin le plus grand "montreur de marionnettes" de la région lilloise, a partiellement masqué la diversité de cette tradition populaire dont les premières traces attestées datent de 1825. Mais c'est en particulier dans la seconde moitié du XIXe siècle avec le développement de la grande industrie que les théâtres de marionnettes vont s'installer dans tous les quartiers des villes de Flandre de langue picarde.


        Leur rôle essentiel sera de faire connaître les romans, les feuilletons que les ouvriers de l'époque ont du mal à lire, de rendre plus accessible le répertoire du théâtre au public le plus populaire. Le répertoire traduit une passion pour l'histoire de France, avec un intérêt marqué pour les adaptations de romans de capes et d'épées, et la période napoléonienne.

     Les "boboches", petites pièces comiques patoisantes qui terminent les séances, sont un supplément apprécié à des spectacles sérieux et destinés, avant l'implantation des cinémas, en 1907, à un public essentiellement composé d'adultes.

        Pour les montreurs de marionnettes", presque toujours ouvriers, le théâtre apporte un indispensable complément de ressources, sans lequel il serait difficile d'exister. mais certains d'entre eux, comme Isidore Lecocq, Eugène Mahieu, Victor Vermeulen, Louis Desmettre, les frères Vanovervelt, Louis De Budt, Alphonse Fieuw… et, bien sûr, Louis Richard, réussiront à leur donner une toute autre dimension.

 

>> Première époque : Louis Richard

       Né à Bruges en 1850, venu à pied à Roubaix à l'âge de 13 ans, cordier puis mécanicien, Louis Richard fréquente les théâtres de marionnettes, y manipule, apprend seul le français et la lecture pour être en mesure d'ouvrir son propre théâtre. En 1869, il débute dans un grenier. En 1884, il ouvre, enfin, son théâtre au n°43 de la rue Pierre de Roubaix. Il va fabriquer plus de 500 marionnettes, des milliers de costumes et présenter des spectacles qui mettent en scène plus de 100 personnages.

        Louis Richard sera le seul, dans la ville, à consacrer toute son activité au théâtre. Grâce à ses énormes capacités de création, il saura suivre le goût du public qui, à l'issue de chaque séance, vote pour décider l'époque historique de la prochaine pièce. Louis Richard sera même capable de proposer à son public des pièces sur l'actualité  : les Boers et la guerre du Transvaal, par exemple, en 1906. Louis Richard répond au besoin de culture d'un public attaché à la vérité historique suivant parfois le spectacle avec un livre d'histoire sur les genoux pour s'assurer qu'il n'y a pas d'erreurs ou d'anachronismes. Ce public, en 1898 lui imposera un acte supplémentaire pour la grande pièce sérieuse à la place du "boboche" comique en picard. Mais Louis Richard parviendra à rétablir ces "boboches" avec les personnages de "P'tit Morveux", "Gros Jacques", et "Dominique" pour le public, encore plus modeste, des séances du jeudi.


        Le théâtre de Louis Richard résistera bien, de 1907 à 1914, à la concurrence du cinéma qui sera fatale à la plupart de ses confrères.

Louis Richard disparaît en 1915.

 

>> Deuxième époque : Léopold Richard

       En 1920, Léopold Richard, le plus jeune des fils de Louis, reprend le flambeau. Il fera vivre le théâtre pendant 20 ans, pour un public alors composé majoritairement d'enfants.


        Léopold Richard joue pour de très maigres recettes, et assure, avec l'aide des siens et de son fils Florien, en particulier, la survie de l'œuvre paternelle, malgré son travail à l'usine. Léopold Richard constatera, avec amertume, que ces 20 années de travail acharné ne lui auront même pas procuré les moyens d'assurer l'entretien de son matériel.


        En 1940, le théâtre fermera, à la mort de Madame veuve Louis Richard. La maison sera vendue, le théâtre détruit, les marionnettes et le matériel du théâtre partagés entre Léopold Richard et sa sœur Léopoldine Dervaux.


        Léopold Richard, jusqu´à sa mort en 1976, tentera de faire revivre le "Théât'Louis" malgré l'absence d'une salle et d'une aide, malgré le partage de la collection et sa destruction partielle pendant la guerre. Il s´attachera à écrire ses souvenirs, à conserver les textes et « canevas » des pièces du répertoire, convaincu que ce travail servira de "jalon" à d'autres, car il est persuadé que rien n'est fini.

 

>> Troisième époque : Florien Richard, Andrée Leroux, Alain Guillemin.
De la survie au renouveau.

       Florien Richard, fils de Léopold, petit-fils de Louis, participera à l´activité du Théât´Louis de 1930 à 1940, ainsi qu´à toutes les tentatives de faire connaître l'œuvre familiale.


        En 1952, il participe, avec son père, à une tentative menée par Cyril Robichez pour faire revivre, au «Cinéma Noël» de Roubaix, le vieux Théât´Louis. Il y aura encore quelques représentations. Léopold Richard disparaît en 1976. Quelques mois après son décès, ses enfants, Eugénie Tiberghien et Florien Richard, jouent un «boboche» au Musée de l´Hospice Comtesse de Lille avec la voix enregistrée de leur père.


        En 1977, Andrée Leroux et Alain Guillemin entreprennent des recherches à Roubaix sur les marionnettes traditionnelles. En 1978 une première exposition est présentée à Roubaix. Cette même année, Eugénie Tiberghien et son frère Florien Richard ramènent à la scène les vieux héros Jacques et Morveux sur un texte d´Alain Guillemin.


        En 1979, de nouvelles marionnettes sont crées et jouent et Florian Richard, Andrée Leroux et Alain Guillemin constituent l´Association pour le Renouveau de la Marionnette à Tringle (ARMAT) et son théâtre qui prendra le nom de Théâtre Louis Richard en faisant le choix de l´activité professionnelle.